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les sources de l’exclusion au travers de l’offre existante en logement



Les sources de l’exclusion (Xavier Jaupitre).





La pluralité de la demande en matière de logements a toujours existé, mais plus particulièrement dans l’histoire récente par la modification radicale de la ville. Elle s’exprima peu en raison du déficit de l’offre.

En effet l’accroissement de la population urbaine en nombre et en particularité, pendant la période dite "de l’exode rural" supposait des transferts d’usages et de pratiques variés, en même temps qu’elle connaissait les apports de la main d’œuvre émigrée. C’était l’époque du "doublement de population", retenu comme perspective décennale par les plans d’occupation des sols.

On connaît les raisons d’urgence et de nécessité de production "pour le plus grand nombre", qui rendaient difficile la prise en compte d’une demande diversifiée, et conduisirent à l’inverse à une politique de modèles sectorisés et banalisés.

Mais d’autres contraintes culturelles, administratives et techniques expliquent tout autant cette production, l’économie restant le préalable incontournable.

Aujourd’hui la diversité de la demande apparaît évidente dans ces manifestations extrêmes parce que plus problématique, voire dramatique. De ce point de vue elle interroge la commande et ses acteurs dans leur ensemble. En effet l’examen de ces nouvelles "donnes" doit être resitué dans le cadre plus général de la production des trois cent mille logements annuels, et son enseignement dépasser la stricte dimension des programmes dits d’insertion sociale.

A cet égard quelques préalables doivent être retenus comme règles :

Premier préalable, celui de la prise en compte de la pluralité des vécus dans les objectifs de production.

Cette pluralité s’exprime dans les cas de l’exclusion au travers de situations hors-normalité extrêmes, singulières et diverses. Ces situations hors normes peuvent être considérées a priori, comme le fait d’une recherche personnalisée et volontariste de nouvelles adéquations dans une logique "réflexe de survie". Cette démarche est le plus souvent autonome, "après que l’on ait tout essayé", et relève de la "toute dernière extrémité".

Cette recherche de nouvelles adéquations sous-entend des choix prioritaires donc essentiels; en ce sens ils sont l’expression d’une part très significative de la demande et constitue autant d’a priori éliminatoires de la standardisation et de la banalité de l’offre en logements sociaux. Ces nouvelles adéquations touchent en premier la famille dont les modifications sont déjà signalées au travers d’enquêtes isolées, analyses statistiques ou études thématiques pour une part confidentielles, et mal connues des architectes :

  • famille monoparentale,

  • mère célibataire,

  • nouveau statut familial des enfants : échec scolaire, âge tardif d’insertion, etc.

Ces données se retrouvent, s’accentuent ou se modifient dans ces cas extrêmes, auxquelles s’ajoute le fait ségrégatif.

Elles concernent encore davantage le travail par l’invention de nouvelles formes de survie économique à caractère allocatif ou illicite (travail noir ou autres trafics).

Le logement urbain, en qualité de traduction spatiale de ces situations sociale et économique, est directement mis en question dans l’examen de leur programmation. Les politiques successives du logement peuvent se résumer à un saupoudrage d’aides inefficaces, soit par manque d’ambition, soit par manque d’inscription dans la durée.

Le tout est devenu illisible. Et la tentation est grande de voir réapparaître un énième plan pour le logement qui promettra "cohésion, clarté et légitimité", en prônant de nouveaux modèles de référence (cf. PLA d’insertion), mais en ignorant ce que nous architectes devons défendre, la diversité de l’offre, qui ne se décrète pas à priori, mais se compose et s’enrichit dans l’élaboration de chaque projet:

Par exemple chaque nouvelle étude devrait examiner ce que la notion de confort "ordinaire" implique pour le logement comme choix aux niveaux de la distribution intérieure comme de sa traduction extérieure, choix qui commandent tout le dispositif relationnel dont dépend l’habitabilité :

  • où situer le rapport entre surface habitable et équipement fonctionnel collectif ?

  • quelles fonctionnalités jour-nuit, sale-propre ?

  • quelles priorités de rapports avec les voisins en termes de partage de l’espace ?

Bien évidemment le confort s’apprécie tout autant en termes d’urbanisme : métro, commerces et autres équipements de nécessité dans une entité urbaine reconstituée.

Deuxième préalable, faire acte de création nécessite l’humilité de toujours comprendre son objet au sens de la réhabilitation de l’individu: resituer la personne dans ses droits et les conditions d’une normalité.

Satisfaire aux exigences de vécus singuliers, reconnaître l’identité de chacun d’eux, ne peut pas être une recherche de pertinence pour une adaptation fonctionnelle simpliste qui aurait les effets contraires aux objectifs en soulignant le caractère marginal du projet.

Xavier Jaupitre architecte, enseignant U.P.6 janvier 95



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