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  • Didier Maufras

Prague, architecture hors des sentiers battus


A Prague, il faut parfois se méfier des idées reçues en matière d'architecture, et ne pas hésiter à errer, comme à Venise, dans les quartiers à l'Est de la vieille ville et de Nove Mesto (la ville nouvelle) où se concentrent les immeubles Art Nouveau les plus connus, et donc les plus visités.


Ce parcours s'étend du Sud au Nord sur trois kilomètres à vol d'oiseau et traverse les anciens quartiers ouvriers de ZIZKOV et KARLIN pour rejoindre le musée d'art contemporain DOX. Ces quartiers se sont gentrifiés, et si quelque analogie peut être faite avec l'Est parisien, une promenade comparable pourrait être conseillée à un visiteur praguois en lui proposant de rejoindre le parc des Buttes Chaumont et le quartier de la Moussaïa en partant des abords sud du cimetière du Père Lachaise pour se faire une idée moins conventionnelle de Paris.


Il n'est pas certain que les dix-neuvième et vingtième arrondissements de Paris sortent victorieux de cette mise en parallèle sur le plan architectural.


Prague, outre un patrimoine bâti du début du vingtième siècle plus homogène et mieux entretenu, bénéficie en effet d'un nombre de jardins et de squares qui classe cette ville en tête du hit-parade des capitales européennes: en pourcentage de la superficie totale de la ville, Prague propose 56,7 % d'espaces verts quand Paris, même en comptabilisant ses deux bois de Boulogne et Vincennes n'en propose que 17,5 %.


Le parcours démarre des JARDINS RIEGER qui offre de beaux points de vue sur la vieille ville.


De là il faut se diriger plein Est et accepter de se perdre dans les rues avoisinantes, les yeux levés sur les frontons et les toitures aux dessins si inventifs qui caractérisent cette architecture résidentielle praguoise, dont la modénature plus simple s'éloigne déjà de l'Art Nouveau surchargé et annonce les arts décoratifs,























et rejoindre le square qui sert d'écrin à ce bâtiment étonnant. De loin sa silhouette fait penser à une œuvre méconnue de Michael GRAVES,



En réalité sa construction est bien antérieure au mouvement post moderne américain.

Cette église du Sacré Coeur de Jésus, édifiée en 1930! , est l’œuvre du plus célèbre architecte slovène, Josip Plečnik.


Je conseille également de faire un détour de cinq cent mètres pour voir le café restaurant Vinohradsky Parlament car c'est un bon exemple de nombre d'établissements praguois mettant en valeur un décor hérité de ce premier quart du vingtième siècle (1).



En se dirigeant vers le nord la balade à pied fait découvrir quantité d'autres immeubles aux façades de stuc peintes en couleurs pastel,





























avant de rejoindre le quartier de KARLIN, une plaine alluviale coincée entre la rivière Vltava et la colline de Vitkov.

Occupée historiquement par des usines, un plan d'urbanisme de1816 impose alors un quadrillage rigoureux de part et d'autre d'une unique artère principale, qui le distingue encore aujourd'hui de tous les autres quartiers praguois.


L'architecture exubérante qui y règne semble ainsi avoir été le résultat d'une mise en scène concertée le long de cette artère.









En contrepoint de cette exubérance tonale et formelle, on peut remarquer un rare exemple des années 25-30 dont les façades grises affichent une retenue qui contraste également avec ses contemporains édifiés dans Nove Mesto (voir le Palais Adria).


La journée s'achève et il est temps de retraverser la Vltava pour atteindre le DOX sur le toit duquel est stationné un dirigeable, prêt à embarquer ce trio d'enfants vers le monde des songes...




(1)

S'y restaurer est par ailleurs hautement recommandé car cet établissement est affilié au groupe Ambiente qui gère depuis vingt ans à Prague d'autres restaurants et même des commerces alimentaires sur un principe d'authenticité des produits. Une démarche en avance sur ce qui est devenu aujourd'hui un slogan rabâché,



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