[2008] – Siège social de Solendi – 93400 Saint-Ouen
Un projet marqué par la dualité de nombreux objectifs : concilier image institutionnelle et confort des espaces de travail, profiter de la grande hauteur autorisée sans écraser l’environnement proche, refuser la modénature banale des murs rideaux pour intégrer la façade dans un linéaire d’immeubles d’habitation.
Le groupe Solendi a décidé d’implanter son siège social à Saint-Ouen, 122 boulevard Victor Hugo, dans un lotissement développé par le groupement de promoteurs Sogeprom-Sodearif-Sedri. Le long de ce boulevard plusieurs opérations de rénovation urbaine modifient l’épannelage tout en laissant subsister des constructions de seulement quatorze mètres de haut.Le règlement d’urbanisme prévoit en effet la possibilité d’une verticale de façade de vingt deux mètres et d’un attique complémentaire de six mètres de haut, afin de concourir à la constitution d’un front bâti structuré et fort le long des grands axes, susceptible de laisser apparents (temporairement ?) de grands pignons opaques dans la perspective de ce boulevard.
Le parti architectural
Solendi, conscient du défi que constitue pour toute entreprise de déménager son siège social situé en plein centre de Paris dans une commune de la première couronne et d’y rassembler différentes filiales sises à Nanterre et Boulogne, a souhaité apporter une convivialité et un confort nouveaux aux espaces de travail.
Ainsi une majorité de ceux-ci profitent du confort visuel et thermique apporté par un atrium couvert, dans la volonté de créer une signature visuelle forte pour la société et de fédérer autour de ce lieu les différents espaces: services communs, lieux d’attente et de relaxation, circulations verticales… nécessités et partagés par la communauté des employés.
Les études ont abouti à la définition d’un atrium linéaire traversant, contenant les seuls ascenseurs traités en transparence, et distribuant de part et d’autre deux compartiments de bureaux offrant la plus grande flexibilité possible en espaces de premier jour (épaisseur limitée à douze mètres).
Un atrium linéaire offre en effet le meilleur compromis entre l’intériorisation et l’intimité des espaces partagés (le cloître) et l’ouverture sur l’extérieur (perspectives visuelles, accès de la société) apportée par la présence de deux façades vitrées sur l’extérieur.Le calcul géométrique d’implantation et la prise en compte de l’environnement nous ont amené à développer la volumétrie suivante, qui est de fait une synthèse entre :
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un épannelage fort en R+6 le long du boulevard Victor Hugo, utilisant la totalité du gabarit autorisé,
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un épannelage très réduit en R+3 à l’intérieur du terrain,
Les deux volumes construits définis par ces deux épannelages sont articulés par le prisme de verre saillant de l’atrium.
L’architecture
L’expression des façades révèle le programme en illustrant les motifs qui ont présidé au choix de cette volumétrie composite.
La structure prévoit une hauteur de 3,40m de dalle à dalle et un plancher de 70 cm hors tout associant un faux plafond intégrant les unités de climatisation et l’éclairage et un faux plancher technique minimal pour les seuls réseaux faibles. Ce réglage associé à une trame porteuse de façade de 5,40m permet sur douze mètres d’épaisseur et sans poteaux intérieurs de garantir une hauteur libre constante de 2,70m dans les bureaux.
La découpe sculpturale du bloc formé par les cinq premiers niveaux en renforce l’effet de masse et suffit à notre sens à marquer le statut particulier de cet immeuble et à participer à la création d’un front bâti fort à l’alignement du boulevard, sans pour autant écraser par ses proportions les façades des autres immeubles d’habitation.
Les deux niveaux supérieurs ainsi que le garde corps de la terrasse technique sont réunis dans un même prisme de verre strié de brise-soleil de même nature, sérigraphié ou opalescent.
Ce prisme est en retrait des quatre acrotères de la toiture du 4ème étage qui marque la transition entre les deux volumétries et permet l’accès aux deux grandes terrasses que forment les toitures plates des deux corps en R+3.
Nonobstant, la façade pignon côté nord est traitée en limite sur toute sa hauteur hors l’impact du bâtiment existant, constituée au +5 et +6 d’une lame métallique architecturée qui ménage l’accessibilité à la façade.
Le prisme de verre de l’atrium, légèrement basculé selon la pente d’écoulement des eaux de pluies vient s’encastrer en façade arrière du R+6, et semble se prolonger verticalement dans l’articulation volumétrique que constitue l’équerre qui abritera les installations techniques en terrasse.
L’adoption de deux épannelages aussi différents, sur boulevard et à l’intérieur de la zone, n’est concevable que par le choix d’un matériau de façade unique qui enveloppera l’ensemble de la volumétrie et mettra en valeur les deux prismes verriers – atrium et attique -.
La modernité recherchée dans la stratégie de communication qui accompagne la construction d’un siège social a plaidé pour l’adoption d’un matériau tel que la tôle d’aluminium épaisse laquée. Ce choix est évidemment cohérent avec l’expression plastique de cette volumétrie qui comprend un porte-à-faux spectaculaire.
La modénature des percements s’attache à souligner les différences de situation urbaine des deux épannelages :
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en bande pour la volumétrie à proportion horizontale des deux plateaux en R+3.
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en fenêtres verticales étirées pour le corps principal sur le boulevard, afin de minimiser la rupture d’échelle avec les autres programmes situés de part et d’autre, mais selon une disposition d’ordre sériel ou aléatoire qui évite tout mimétisme.
Solendi s’est par ailleurs engagé à ce que la conception et la construction de son siège social suivent une démarche H.Q.E.
maîtres d’ouvrage : Sodearif, Sogeprom
terrain : 1 400 m²
programme : Bureaux : 7 130 m² + 100 parkings
calendrier : études : 2005 ; livraison : 2008
coût : 14 M€ HT
assistants : H. Delatouche, V. Naintré, G. Ferry, G. Lehnert, N. Costa